Auteur: Silvia Steiner, présidente de la CDIP
Le système éducatif suisse ne saurait se passer d’une association pleine et entière aux programmes européens tels qu’Erasmus+. Par Silvia Steiner
La participation aux programmes européens d’éducation et de recherche est de la plus haute importance pour les hautes écoles suisses. La situation actuelle pèse en effet sur leur compétitivité et leur capacité d’innovation, et nous devons tous viser une association pleine et entière aux programmes Horizon Europe et Erasmus+.
Un système éducatif de qualité ouvre des perspectives à toutes les personnes en formation, élèves, apprenties et apprentis ou étudiantes et étudiants. En Suisse, le système éducatif se caractérise par sa perméabilité, selon le principe pas de diplôme sans passerelle vers d’autres formations. Tout titre obtenu est ainsi une porte vers une pluralité de possibilités pour poursuivre son parcours de formation.
Les changements sociaux, les mutations du monde du travail et la transition numérique modifient aussi les exigences posées aux formations elles-mêmes. Conserver et élargir les perspectives dans un monde qui se transforme est un travail auquel s’emploie la politique de l’éducation et de la formation à tous les niveaux de notre État fédéral. Or un tel travail demande du temps, il requiert des efforts de compréhension mutuelle de la part de tous les acteurs impliqués et suppose de la clairvoyance: il ne s’agit pas de courir un cent mètres, mais bien un marathon.
Les échanges et la mobilité sont eux aussi synonymes de perspectives. Grâce à leur stratégie commune, la Confédération et les cantons veulent faire en sorte que toujours plus d’adolescentes et adolescents et de jeunes adultes puissent intégrer un échange dans leur parcours de formation. En effet, les échanges et la mobilité jouent un grand rôle dans notre système éducatif: ils contribuent au développement de l’espace suisse de formation ainsi qu’à la compétitivité et à la capacité d’innovation de la Suisse, et renforcent la présence de notre pays dans le contexte européen et international. Fondamentalement, ils permettent à de nombreux jeunes d’acquérir, durant leur formation puis en se perfectionnant, des compétences qu’ils pourront faire valoir sur les plans international, culturel, linguistique et technique. La Confédération et la CDIP ont chargé l’agence Movetia de développer et mettre en œuvre des programmes en ce sens.
Dans notre pays multilingue, il importe de continuer à promouvoir les échanges et la mobilité. La participation aux programmes européens d’éducation et de recherche s’avère un facteur décisif, garant du succès du pôle de formation qu’est la Suisse. Or, pour garder l’image de la course à pied, voici une décennie que nous piétinons loin derrière le peloton: depuis 2014, la participation de la Suisse au programme européen Erasmus+ est en effet conditionnée par son statut de pays tiers non associé. Cette situation pèse sur la compétitivité et la capacité d’innovation des institutions suisses de formation et d’éducation telles que les universités, les EPF, les hautes écoles spécialisées, les hautes écoles pédagogiques, les gymnases, les écoles de culture générale et les écoles professionnelles.
Je relève avec satisfaction que, dans son mandat de négociation, le Conseil fédéral donne un poids particulier aux programmes d’éducation et de recherche. Si la Suisse peut reprendre les négociations avec l’Union européenne, celles-ci devront aussi porter sur une participation suisse au paquet Horizon 2021–2027 ainsi qu’à Erasmus+ 2021–2027. Nous devons nous fixer l’objectif d’une association pleine et entière.
J’exprime en ces termes mon vœu pour 2024: remettons-nous dans la course et allons de l’avant dans ce grand marathon. J’espère obtenir un soutien de toutes parts pour ce souhait.