L’objectif visant à ce que tous les élèves et toutes les personnes en formation, quelles que soient leurs caractéristiques personnelles (origine géographique, statut socio-économique, genre, etc.), bénéficient des mêmes chances de réussite, à la fois dans leur parcours de formation puis grâce à celui-ci, figure en bonne place dans l’agenda politique mondial. Dans son rapport Regards sur l’éducation, l’OCDE étudie régulièrement sous un angle international les possibilités qui existent pour réduire les inégalités dans l’éducation et la formation. L’édition 2024 met à nouveau l’accent sur cette problématique.

Monitorage international de l’éducation

Selon son éditeur, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le rapport Regards sur l’éducation constitue la source d’information de référence en ce qui concerne les structures, le financement ou encore les performances des systèmes éducatifs dans les différents pays membres ou partenaires de l’OCDE. Étant donné que cet ouvrage, paru pour la première fois en 1992, compte aujourd’hui près de 500 pages et plus de 100 graphiques et tableaux, son titre en anglais, qui suggère qu’il suffit d’un coup d’œil pour obtenir une vue d’ensemble de la situation, semble pour le moins euphémique. Il vaut néanmoins la peine de s’y attarder quelques instants pour le parcourir. Voilà ce que disent en particulier les pays qui, contrairement à la Suisse, ne disposent pas d’un monitorage de l’éducation développé. Pour eux, ce rapport annuel constitue souvent effectivement l’ouvrage de référence leur permettant de piloter leur système éducatif sur la base de données concrètes, convaincus de l’utilité de la comparaison (ou, selon l’OCDE, de la compétition) internationale. Pour la Suisse, c’est l’Office fédéral de la statistique qui fournit les données statistiques, le Centre d’information et de documentation IDES les complétant par des données structurelles et des «notes d’interprétation».

Accent mis sur l’équité

L’édition 2024 met l’accent sur l’équité et étudie, de la petite enfance jusqu’à la transition vers le marché du travail, en passant par l’enseignement supérieur, les disparités qui existent entre les différents groupes démographiques en matière de ressources éducatives, de compétences, d’accès à l’éducation, de choix et de taux de réussite au niveau des études, sans oublier les disparités en matière de choix de profession et de résultats sur le marché du travail. Un chapitre entier est consacré au quatrième objectif de développement durable de l’agenda 2030, qui porte sur la politique éducative. Il y est notamment évalué à quel stade se situent les pays participants du point de vue de l’accès pour toutes et tous à une éducation de qualité.

Des résultats en un coup d’œil?

Les personnes qui s’intéressent de près à l’équité dans l’éducation et la formation se rendent rapidement compte qu’il s’agit d’un objectif qu’il vaut la peine de poursuivre mais qui est difficile à cerner concrètement. Cette difficulté est due, entre autres, au fait que les inégalités dans le domaine de l’éducation sont multifactorielles, que leur suppression ou du moins leur diminution n’est pas dénuée de conflits d’intérêts et que toute approche susceptible d’aboutir suppose de prendre en compte le contexte social dans son ensemble et ne peut se résumer à une démarche isolée. Si vous espérez trouver dans les Regards sur l’éducation une vue d’ensemble succincte de l’état actuel de l’équité dans l’espace de formation des pays de l’OCDE, vous serez donc déçu. Nous profitons tout de même de cet article pour relever une petite sélection de résultats mis en avant par les auteurs de la publication eux-même:

• Le constat selon lequel les inégalités commencent bien avant l’entrée à l’école s’impose peu à peu. En conséquence, de nombreux pays ont réussi ces dernières années à augmenter la participation des plus jeunes à des programmes d’éducation précoce (même si le niveau global reste faible) et à accroître substantiellement les ressources financières mises à disposition, notamment pour le degré primaire.
• Les plus grandes inégalités en matière d’éducation sont liées au milieu socio-économique des parents et des élèves. Même dans les pays où le degré d’équité est le plus élevé, les résultats à l’étude PISA des élèves les plus défavorisés demeurent inférieurs à ceux de leurs camarades plus favorisés.
• Dans la plupart des pays de l’OCDE, le nombre des personnes entre 25 et 34 ans n’étant pas au bénéfice d’un certificat de fin du degré secondaire II a diminué entre 2016 et 2023. Bien que la participation à l’éducation formelle soit moins répandue chez les plus de 25 ans que chez les plus jeunes, on observe une augmentation du nombre de pays dans lesquels au moins 10 % des personnes de plus de 25 ans suivent une formation initiale.
• Avoir suivi un enseignement supérieur améliore les perspectives de carrière, mais les pays qui comptent le plus de personnes diplômées ne sont pas toujours ceux où le taux d’emploi est le plus élevé. Ce constat souligne qu’il est nécessaire que le secteur de la formation et le marché du travail coopèrent mieux afin d’éviter l’apparition d’une offre excédentaire dans certains domaines.

Pour en savoir plus, vous pouvez lire le rapport Regards sur l’éducation 2024 dans son intégralité (disponible en français à partir du 30 novembre), prendre un raccourci en lisant les principaux enseignements de l’édition 2024 dans L’équité dans le monde de l’éducation et sur le marché du travail, ou consulter les notes par pays (en anglais) afin de découvrir les résultats de la Suisse en comparaison internationale.