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La nouvelle statistique de pédagogie spécialisée permet d’apporter un regard complémentaire sur l’équité de formation en Suisse. Par Romain Lanners.
La nouvelle statistique de pédagogie spécialisée permet d’apporter un regard complémentaire sur l’équité de formation en Suisse. Les filles suisses sont moins souvent confrontées à la pédagogie spécialisée pendant l’école obligatoire que les garçons étrangers.
Auteur invité*: Romain Lanners, Directeur de l’agence spécialisée Centre suisse de pédagogie spécialisée
Depuis le concordat scolaire de 1970, la CDIP s’engage pour renforcer l’équité dans le système de formation (Bütikofer, 2023). La pluridimensionnalité rend cependant complexe la mesure, l’interprétation des constats et la mise en œuvre de cette équité, comme le soulignent les différents rapports sur l’éducation en Suisse. Trois dimensions sont souvent utilisées pour décrire l’équité, du plus simple au plus complexe à mesurer, à savoir, le sexe (fille/garçon), le statut migratoire (la nationalité suisse/étrangère ou le lieu de naissance en Suisse / à l’étranger) et finalement l’origine sociale.
L’analyse de la nouvelle statistique de la pédagogie spécialisée de l’Office fédéral de la statistique (OFS, 2019) permet d’apporter un regard supplémentaire sur l’équité de formation. Depuis l’année scolaire 2017/18, la statistique de pédagogie spécialisée distingue le lieu de scolarisation (classes ordinaires, classes particulières dans une école ordinaire, classes des écoles spécialisées), les mesures renforcées de pédagogie spécialisée ainsi que l’adaptation des objectifs d’apprentissage. La présente analyse croise ces données avec le genre (fille/garçon) et le statut migratoire (nationalité suisse ou étrangère) sur base des derniers chiffres de l’OFS, à savoir ceux de l’année scolaire 2021/22 (OFS, 2023). Un article portant sur les données de 2019/20 a été publiée en allemand à ce sujet (Lanners, 2021).
Les filles et les garçons face à la pédagogie spécialisée selon la nationalité
Le croisement de ces deux variables avec la création de 4 groupes (filles suisses ou étrangères et garçons suisses ou étrangers) permet de préciser ces constats. Les analyses révèlent, en effet, que les filles suisses (35.2 % de la population scolaire) sont sous-représentées dans tous les critères en lien avec la pédagogie spécialisée, à l’exception des classes d’introduction. En revanche les garçons étrangers (14.1 %) sont plus souvent enrôlés dans les différentes mesures de pédagogie spécialisée (settings séparatifs, mesures renforcées ou adaptations du plan d’études). Si les constats sont les mêmes pour les élèves étrangères (13.3 %), les différences sont moins cependant importantes:
Taux des élèves fréquentant une école spécialisée selon le cycle, le sexe et la nationalité
La Suisse fait partie des pays qui opèrent tôt une sélection des élèves avec une orientation rapide vers les écoles spécialisées. Les données 2021/22 illustrent ce constat: 2 190 élèves du premier cycle (1H-2H, écoles enfantines) fréquentaient déjà une école spécialisée. Le taux de scolarisation en écoles spécialisées augmente ensuite d’un cycle à l’autre, à savoir de 1.2 % à l’école enfantine (1H-2H), en passant à 1.8 % à l’école primaire (3H-8H) pour atteindre 2.4 % au cycle d’orientation (9H-11H). Les inégalités entre les sexes et les nationalités, discutées plus haut, se renforcent en plus d’un cycle à l’autre: